Histoire de Saint Robert

Turlande est une ancienne seigneurie de haute Auvergne (près de Paulhenc, dans le Cantal) dont l’origine se situe au XIème siècle, au moment de la constitution des vigueries carolingiennes. Robert en porte le nom, ce qui le place dans la parentèle d’un Itier ou Hildegaire, comte apanagiste d’Auvergne dont l’un des héritiers serait Béraud, sire de Mercœur, père d’Odilon, quatrième abbé de Cluny.

La mère de Robert, Gerberge, sœur ainée de la seconde épouse de Béraud, appartient à la famille des comtes de Mâcon d’où est issu Guillaume dit le Pieux, comte d’Auvergne et duc d’Aquitaine, le fondateur de Cluny en 910-912.
Selon la légende, son lieu de naissance serait situé dans l’un des domaines appartenant à sa famille, la villa de Reilhac, près de Langeac, dont elle avait cédé, avant 983, une part importante au chapitre Saint-Julien de Brioude. Le jeune Robert y passe ses années de jeunesse dans une atmosphère d’études et de grande dévotion, puis effectue un séjour à Cluny auprès de son proche parent l’abbé Odilon, l’un des fondateurs, avec les membres de sa proche famille, du prieuré de Lavoûte-Chilhac. C’est que la famille de Mercœur a la réputation d’être d’une incomparable sainteté et se déclare résolument hostile aux guerres privées qui ravagent l’Auvergne et le Velay. Robert a pour exemples ceux de sa tante Blismode, abbesse d’Autun en Bourgogne, mais aussi ceux de ses cousins, Etienne, prévôt puis évêque du Puy en 1029, Itier ou Hildegaire, chanoine du Puy et Pierre, prévôt de la cathédrale puis évêque du Puy jusqu’en 1073. Très vite, les Mercœur prétendront ne tenir leurs fiefs que de Dieu.

Les dates de sa vie

1001 : Naissance de Robert dans une grande famille d’Auvergne, les Turlande. Sa mère le met au monde alors qu’elle est en chemin, dans une région déserte, non loin de Langeac.

1018 : Il est confié aux chanoines de la basilique Saint-Julien à Brioude.

1026 : Il devient à son tour chanoine. Ordonné prêtre, il se voit confier la charge de la trésorerie du chapitre mais n’aime pas ce genre de vie. Reconnu pour « sa piété et la bonté de son cœur », il est attiré par la pauvreté et la charité. Il fait construire, sur ses propres deniers, un hôpital à Brioude destiné à accueillir les pauvres et les pèlerins. Tenté par la vie contemplative, son désir d’aider les autres l’en empêche. Se retirer dans un monastère semble être la solution. Robert décide donc de partir à Cluny pour y rejoindre un parent de sa famille, Odilon de Mercœur, mais ses confrères et ses protégés se liguent pour le retenir à Brioude. Il s’ensuit alors une période d’inaction qui conforte Robert dans son désir de quitter la vie canoniale pour la vie monastique. L’ordre clunisien, par ses richesses temporelles, sa liturgie ostentatoire et le confort de la vie quotidienne, ne semble pas lui convenir.

Vers 1040 : Il part en pèlerinage à Rome, puis au Mont Cassin, pour étudier et recueillir à sa source la règle de Saint-Benoît de Nursie.

1043 : Fort de cette règle, il rentre en France avec deux de ses compagnons, Etienne et Delmas, et part s’installer près d’une chapelle en ruine, à la source de la Senouire, afin d’y vivre en ermite avec ses deux compagnons. Situé à 1080 mètres d’altitude, ce lieu est décrit comme un pays stérile, froid et perdu, recouvert par la forêt. Il est ensuite rejoint par un nombre grandissant de jeunes gens attirés par sa foi et son charisme, si bien qu’il doit renoncer à la vie érémitique. La petite communauté qu’il fonde adopte la règle de Saint-Benoît, avec toutefois quelques adaptations dues au climat.

1052 : L’Eglise, voyant dans cette communauté grandissante un merveilleux réservoir d’hommes de Dieu, ne tarde pas, malgré les protestations de Robert, à ériger le petit monastère, en cours de construction, en abbaye bénédictine, sous le nom de Casa Dei, ce qui signifie Maison de Dieu. Le pape Léon IX accorde sa protection à l’abbaye.

17 avril 1067 : Mort de Robert de Turlande. Son abbaye est à la tête d’un réseau de 42 prieurés dont une dépendance féminine avec le monastère de Lavaudieu.